S’intégrer par la langue

janvier 2025

Des bénévoles du Secours Catholique1 de Toulouse racontent comment pour les migrants, l’apprentissage du français est un premier pas vers l’autonomie ainsi qu’une occasion de rencontres fraternelles.

 

Depuis le début de notre équipe d’Apprentissage du français (AdF), nous accueillons les apprenants au fur et à mesure de leur arrivée au Secours Catholique. Certains suivent un ou deux cours, puis changent de quartier où ils sont pris en charge par une autre structure ; au moins ils auront commencé un apprentissage. D’autres sont très réguliers. Nous accueillons aussi beaucoup de personnes malades qui ne peuvent assurer une régularité du fait de leurs traitements.

Notre structure n’est pas scolaire. Nous ne prenons pas de personnes qui ne cherchent que des diplômes mais des personnes qui veulent s’intégrer par la langue, avec la maitrise d’un français compris et compréhensible. Nous poussons l’oralité ; nous travaillons des thèmes de la vie courante et des situations qui sont celles des personnes migrantes. Le niveau de français et les thèmes suivent les demandes et les possibilités du groupe.

Il y a de belles rencontres comme celle d’une jeune femme africaine anglophone qui ne savait plus ni lire ni écrire. Par volonté de suivre la scolarisation de ses deux enfants, elle travaille d’arrache-pied et s’avère capable de tenir de petites conversations et de lire des phrases simples.

 

Un apprentissage aussi pour les bénévoles

Afin de progresser comme formatrice, j’ai suivi ces derniers temps une formation avec Ressources et territoires2. J’ai trouvé les formateurs très humains. Les professeurs nous ont fait découvrir que si les personnes n’arrivent pas à parler, c’est pour une question… d’oreille. Nous avons abordé l’orthophonie et la phonétique. Une personne adulte n’entend pas bien ce que nous disons car dans sa langue, certains sons n’existent pas et des lettres sont imprononçables. Elle en vient à rapprocher ce qu’elle entend des sons et des mots qu’elle connaît. Par exemple, si je dis « la jupe de Josette est jaune » et que je fais répéter, ça peut donner : « la jupe et les chaussettes jaunes ».

Il faut chercher, dans leur langue, les particularités de prononciation. Cette méthode d’écoute très précise des uns et des autres, ces corrections ciblées pour les hispanophones, les anglophones, les Magrébins, les personnes d’Afrique subsaharienne, la répétition sympathique et parfois humoristique des sons inconnus, tout cela a accéléré les progrès et la confiance en eux de façon étonnante.

 

Un chemin qui ouvre un avenir

A côté des autres groupes d’apprentissage, l’accueil inconditionnel tout au long de l’année, l’accueil des malades, le désir que les apprenants puissent se débrouiller, sans chercher à ce qu’ils parlent un très bon français, est notre créneau,

Quelques bons repas et des sorties culturelles au musée, dans des expositions, sont le ciment entre les apprenants. Pour certains, ce premier contact est un premier pas vers un apprentissage véritable et plus poussé du français.

 

Anne-Marie, Françoise et Suzanne, du Secours catholique de Toulouse, en 2021
pour le Réseau Mondial de Prière du Pape France

 

A ce jour (janvier 2025), les activités de l’équipe AdF se poursuivent à la maison Caritas Bonnefoy de Toulouse.

1 Secours Catholique Ariège-Garonne

2 Nos formations – GIP Ressources & Territoires

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