Quand la montagne lentement s’effondre

septembre 2024

Loué sois-tu mon Seigneur pour la grandeur et la beauté des paysages élevés. Ils sont le reflet de l’immensité de ton Amour pour moi.

Antoine et Anne sont des amoureux de la montagne. Ils assistent au déclin accéléré des lieux qui ont fait leur bonheur de randonneurs et d’alpinistes. Désespoir… Colère… Impuissance… Mais comment garder l’espérance en l’avenir ?

Refuge de Temple Écrins, 2410 mètres. De la terrasse, on embrasse un panorama splendide sur les sommets alentours. Vingt ans après nos premières escapades à deux, nous revenons avec mon épouse Anne dans ce vallon sauvage du massif des Écrins que nous aimons tant. Un émerveillement renouvelé face à la beauté des hautes montagnes, mais mêlé aujourd’hui d’une tristesse qui nous étreint le cœur : les neiges que l’on disait « éternelles » ont largement reculé, les glaciers sont étriqués, pauvres langues de glace à vif sous le soleil de cette fin d’été. Ils laissent place à la roche qui s’effrite. La montagne lentement s’effondre.

 

Une envie de fuir la réalité

Pour moi qui ai grandi à Grenoble, ville enchâssée dans ce luxe de grands espaces que je croyais immuables, les conséquences du changement climatique sont directes : c’est la fin de mon monde. La neige se fait rare et disparaît de plus en plus tôt, certains refuges ferment pour cause de terrains déstabilisés par le recul des glaciers ; le paysage change, les cols que nous gravissions avec piolet, et crampons se muent en sentiers de pierre. Cette vision me meurtrit, elle m’est difficilement supportable.

J’ai tout d’abord cherché à fuir cette réalité brutale, pour ne pas voir. Choisir de fuir la haute montagne et n’arpenter que les chemins de Chartreuse ou du Vercors, massifs moins élevés où les mutations du climat sont moins visibles bien que tout aussi réelles.

 

Comment garder l’espérance ?

Mais détourner le regard aujourd’hui ne me satisfait pas. Comment donc garder l’espérance face à la disparition de ces paysages qui m’ont tellement rendu heureux? Comment ces transformations douloureuses peuvent-elles aussi être l’occasion pour moi de mieux ajuster ma relation à la Création et donc à Dieu ?

La foi chrétienne ne m’invite pas à nier la souffrance, le manque, la fin. Mais à changer mon regard et mon comportement.

Avec le temps, par la prière et une incompréhension révoltée qui persiste encore, mais également nourri par la parole de frères et sœurs avec lesquels je partage la douleur de voir la montagne changer et avec lesquels j’échange sur la manière dont cela interroge notre foi, je passe lentement d’une désolation profonde à une attitude de plus grand lâcher prise.

Sans en saisir la portée, je choisis de refaire confiance chaque jour à Dieu, Créateur de toute chose. Je me remets entre ses mains, y compris face à ce changement climatique qui me dépasse et me laisse dans une grande impuissance.

Rien ne m’est dû dans la haute montagne d’aujourd’hui, mais tout a la saveur particulière d’un cadeau, si fragile et précieux. Je souhaite que cet abandon à Dieu aille de pair avec un changement de ma pratique de la montagne.

Antoine, pour le Réseau Mondial de Prière du Pape France

 

A la suite de ce témoignage, je peux m’interroger…

Et moi, est-ce que j’entends ce cri de la Terre ? En quelle situation, à quelle occasion ?

Qu’est-ce que cela a provoqué en moi ou provoque en moi aujourd’hui, quel abattement, quelle colère, quel renouveau d’espérance ?

A quoi cela m’invite-t-il ? Je prends le temps de me souvenir, de revisiter ce que j’ai déjà expérimenté ou que j’expérimente en ces jours…

Je confie mes pensées, mes sentiments à Jésus et lui demande soutien pour prier et agir.

 La Rédaction du Réseau Mondial de Prière du Pape France

 

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