Pour une technologie fidèle aux métiers

avril 2025

Prions pour que l’utilisation des nouvelles technologies ne remplace pas les relations humaines, mais respecte la dignité des personnes et aide à affronter les crises de notre temps.

Actuellement, nous sentons bien que de nouvelles technologies déferlent avec un fort impact sur nos manières de vivre. Cela peut semer effroi et inquiétude. Aussi, il est bon d’abord de percevoir ce que les technologies n’ont cessé d’apporter à l’humanité. Cela nous ouvrira à l’enjeu pour aujourd’hui de leur usage.

La technologie est un dispositif culturel. Il nous rend capable d’utiliser les connaissances des autres, sans acquérir celles-ci. Il y va ainsi de l’ordinateur, du smartphone, du semoir ou de la houe… On peut alors définir la technologie comme une connaissance accumulée sous une forme utilisable par celui qui ne la possède pas1. La technologie est donc avant tout un moyen de transmission non pas de la connaissance elle-même, mais de la façon de l’utiliser. Cette dissociation de l’expert et de l’utilisateur est incroyablement fertile. La technologie n’est ainsi pas simplement un outil, mais le mécanisme essentiel par lequel la connaissance est partagée, appliquée et intégrée dans la société. Dès lors le véritable enjeu surgit.

Pour usage humanisant de la technologie. Il y a donc à dire « oui » à la technologie qui démultiplie la capacité d’action, d’expression de chacun. Mais pour que la démarche technologique demeure au service de notre humanisation collective, nous avons à garder vivante la promesse de chaque métier. Il articule relation à la nature, aux personnes. Il développe un système de valeurs, éprouvé dans le temps. Que tout apport technologique nouveau soit orienté vers la promesse du métier impacté, qu’ainsi une nouvelle technologie ne se substitue pas au jugement de la personne mais vienne la renforcer, que le gain permis soit au service de l’approfondissement du service et non de l’intensification des actes. L’enjeu fondamental réside dans le choix que posent l’expert et celui qui commande l’utilisation.

De grandes figures du développement technologique nous indiquent l’attitude à avoir, comme Louis Pasteur2 qui offre ses vaccins à tous, diffuse la manière de faire et se refuse à s’approprier la richesse créée, ou Antoine de Saint Exupéry3 qui, dans l’aviation civile naissante, considérait et respectait chacun dans son métier…

Considérons aussi qu’avec le Christ, nous offrons notre devenir éternel non par seulement le blé et le raisin mais par le pain et le vin, blé et raisin travaillés, transformés, pour que nous devenions corps et sang du Christ. Cela signifie bien que c’est avec cette capacité technologique à transformer le monde que nous avons à aller au Royaume de Dieu. Nous avons à user de la technologie mais toujours justement, fraternellement, dignement au service de tous, dans un vrai don de soi… Dans la situation nouvelle vécue, l’enjeu trouvera sa solution. Sachons être pèlerins d’Espérance !

Jean-Luc Fabre sj, Directeur du Réseau Mondial de Prière du Pape France

1-Voir l’article de Philippe Silberzahn, expert de l’innovation. Conférencier, consultant, et professeur à l’Ecole de Management de Lyon.
Comment la technologie est la clé de la civilisation créative.

2-Erik Orsenna La vie, la mort, la vie: Pasteur

3-Alain Cadix Saint Exupéry, le sens d’une vie

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