Les papes, des voix qui portent à l’espérance
novembre 2023
La Rédaction a tendu son micro à des personnes de tous âges, pour recueillir quelques paroles ou attitudes marquantes des papes depuis 60 ans.
Chaque pape, avec sa spécificité, aura apporté sa présence au monde. Il en ressort un visage aux multiples facettes, une présence qui accompagne l’Église et l’humanité pour que les croyants trouvent toujours mieux leur chemin de vie en Jésus Christ et que le monde soit appelé à un aujourd’hui meilleur, respectueux de la dignité de chaque homme et femme.
Joëlle. Je n’étais pas encore née à l’ouverture du Concile Vatican II et à la mort du pape Jean XXIII, et pourtant j’ai été bercée par l’image de ce « bon pape », comme la douceur d’une Église institution qui prend chair dans un visage. Par la suite, j’ai senti, encore enfant, combien cet évènement du Concile avait révolutionné la vie de foi de mes parents, comme un grand bol d’air, une grande espérance, une forme d’ouverture et de liberté dans la foi. C’est de cela que j’ai hérité et qui m’habite encore aujourd’hui. Ma foi s’est creusée, elle a muri ; et je reste animée par la dimension baptismale de ma vie de chrétienne, dans une Église peuple de Dieu !
François. J’ai de l’affection pour ce pape Jean XXIII qui a eu l’idée inspirée de convoquer le concile ; j’aime sa simplicité et son humour. Sa devise : « Dieu est tout, je ne suis rien » qui l’amenait à dire souvent : « Après tout je ne suis que le pape… » On raconte une anecdote avec ses collaborateurs : « Souvent je me réveille la nuit et je me mets à penser à une série de problèmes graves et je décide d’en parler au pape. Ensuite, je me réveille complètement et je me rappelle que je suis le pape ! » Il disait souvent : « Tout le monde peut être Pape. La preuve, c’est que je le suis. »
Arnaud. Tous les papes appellent à la paix mais le pape Paul VI a dit cette phrase dans un tel contexte et avec une telle force qu’elle résonne encore à mes oreilles bientôt 60 ans plus tard, comme une invitation à écouter la parole d’un prophète de l’Évangile en dénonçant la guerre et le trafic des armes : « Plus jamais la guerre » (Discours à l’ONU, octobre 1965).
Paul. L’image de Paul VI au bord du Jourdain a été à l’époque une démarche de main tendue qui nous avait marqués. Et le « N’ayez pas peur » de Jean Paul II résonnera encore longtemps.
Marianne. En 1990, le pape Jean Paul II est venu au Mali où nous habitions alors. Deux choses m’ont marquée : il s’est déplacé pour visiter une communauté catholique très petite (à peine 1% de la population malienne). Ce jour-là, j’ai touché du doigt combien la fonction papale était de prendre soin de tous, même des Églises qui pèsent peu en terme d’influence, de nombre de baptisés. Et puis j’ai participé à la messe au stade omnisports de Bamako. Après l’homélie, la tribune en face de la nôtre s’est vidée tranquillement. Les musulmans invités à la liturgie de la Parole nous laissaient entre nous pour la liturgie eucharistique. Quelle expérience de rencontre et de dialogue interreligieux : la reconnaissance de ce qui pouvait être partagé, la Parole et l’acceptation dans la paix de ce qui nous différenciait !
Emmanuelle. « N’ayez pas peur, ouvrez toutes grandes vos portes au Christ ». Je suis de la génération Jean Paul II, je n’étais pas née quand il a prononcé cette homélie le jour de son intronisation mais cette parole, tant de fois reprise, m’habite particulièrement. Ses nombreux voyages, les rencontres si nombreuses qu’il a pu faire pendant son long pontificat ont montré que c’était un programme autant qu’une invitation à tous les chrétiens.
« Aidez le Pape et tous ceux qui veulent servir le Christ et, avec la puissance du Christ servir l’homme et l’humanité entière ! N’ayez pas peur ! Ouvrez, ouvrez toutes grandes les portes au Christ ! À sa puissance salvatrice ouvrez les frontières des États, les systèmes économiques et politiques, les immenses domaines de la culture, de la civilisation, du développement. N’ayez pas peur ! Le Christ sait ce qu’il y a dans l’homme ! Et lui seul le sait ! »
Béatrice. Jean Paul II est sans doute le pape qui m’aura le plus marquée. Quand il a accédé au Pontificat, j’avais 6 ans, et 33 quand il est mort. Je suis donc de la « génération Jean-Paul II », cette génération de jeunes catholiques qui se sont rassemblés aux JMJ, à Paris en 1997 et à Rome en 2000.
Sortant d’une rupture douloureuse, j’avais noté une parole de son homélie à la messe de Tor Vergata qui m’avait touchée : « Ce qui compte vraiment dans la vie, c’est la personne avec laquelle on décide de la partager. » Et il embrayait sur la personne du Christ « seul en mesure de satisfaire les aspirations les plus profondes du cœur humain. » Cette parole m’avait réconfortée et appelée à dépasser un deuil difficile avec l’assurance que je ne serais jamais seule.
Luc. J’ai beaucoup apprécié le pape Benoît XVI, ce pape que l’on dit intellectuel a toujours prêché l’amour de Dieu. Son encyclique Deus caritas est (Dieu est amour) a nourri ma foi. « À l’origine du fait d’être chrétien, il n’y a pas une décision éthique ou une grande idée, mais la rencontre avec un événement, avec une Personne, qui donne à la vie un nouvel horizon et par là son orientation décisive. »
Julie. J’ai été très impressionnée par le choix qu’a fait François de vivre à Sainte Marthe en toute simplicité. Pour moi, ce geste posé au début de son pontificat a été un témoignage fort. Le signe d’une nouvelle présence de l’Église au monde.
Pascale. « N’oubliez pas les pauvres ! » Cette parole est le moteur du pape François. Sa priorité pour les pauvres le rend tellement crédible et permet à l’Évangile d’être au cœur de nos vies. « Lorsque j’ai été élu, raconte le pape François aux colocataires de la fondation Lazare, j’avais à côté de moi le cardinal Hummes, un franciscain brésilien. Il m’a embrassé et m’a dit : n’oubliez pas les pauvres. C’est là qu’a surgi le nom de François, il poverello. »
Rémi. Ce qui me frappe chez François, c’est que sa parole rejoint l’humanité bien au-delà des frontières du catholicisme et même de la chrétienté. Dans son aspiration à se rendre proche de tout homme et femme, en particulier des plus faibles et des plus invisibles, il rejoint l’humanité toute entière ; il se fait proche de chacun pour que chacun se fasse réellement et concrètement proche de son prochain.
Laurianne. J’ai 25 ans, et j’ai découvert il y a quelques années les paroles du pape François dans Laudato si. Il rejoint notre génération qui s’inquiète pour notre planète. Je me sens heureuse d’être catholique car avec lui j’ai une voix à porter au monde, une responsabilité à agir, et je me sens unifiée dans ma vie de foi et ma vie de citoyenne.
Agnès. J’ai connu un certain nombre de papes depuis Pie XII. Chacun avait sa personnalité mais celui qui m’a marquée le plus est bel et bien François : ce pape n’est vraiment pas comme les autres ! Certes, comme les autres, il nous enseigne à vivre l’Évangile, mais ce qui fait la différence c’est de le voir l’incarner sous nos yeux, en se « mouillant » : il ne se contente pas de parler de l’accueil des migrants, il en accueille au Vatican ; il ne fait pas qu’enseigner le pardon, il le vit en demandant pardon publiquement lorsqu’il a blessé quelqu’un… C’est un homme libre intérieurement qui va jusqu’au bout de ses convictions, quitte à déplaire ou se faire des ennemis. Sa seule boussole est l’Évangile, dans ce qu’il a de plus radical et de plus révolutionnaire, et rien d’autre ne guide son action, et son pontificat, jusque dans son souci de réformer l’Église.
Propos recueillis par l’équipe du Réseau Mondial de Prière du Pape France