La doctrine sociale de l’Église,
une boussole pour des choix citoyens
août 2024
ÉCLAIRAGE. Mélanie est une citoyenne engagée, notamment dans plusieurs associations. Pour faire ses choix, elle réfléchit et discerne ce qui est le mieux pour la société et le monde. Pour cela, elle s’appuie notamment sur la doctrine sociale de l’Église ; ces textes de l’Église lui servent de boussole.
Mélanie, pouvez-vous nous dire ce qu’est la doctrine sociale de l’Église ?
La doctrine sociale de l’Église rassemble de nombreux textes de l’Église – encycliques, lettres pastorales, etc – sur les questions sociales. Ils concernent la présence des chrétiens dans la société, développent des réflexions sur les réalités économiques et sociales, proposent une clarification des priorités pour un chrétien face aux choix à faire.
Rerum Novarum, une encyclique du pape Léon XIII en 1891, est ainsi le premier texte de cet ensemble. Il concerne la condition ouvrière, une préoccupation nouvelle à l’époque, née de la révolution industrielle.
L’ensemble de ces textes nous éclaire et nous appelle à trouver des repères pour faire des choix fidèles à l’évangile, aux niveaux où notre responsabilité est engagée, en famille, au travail, en société.
Cet ensemble de textes n’est pas figé, même si une synthèse¹ – le « Compendium » de la doctrine sociale de l’Église – a été réalisée en 2004. Il continue à s’enrichir, par exemple sur les questions du changement climatique aujourd’hui.
Ces réflexions s’appuient sur la Bible : des textes prophétiques comme Amos et la dénonciation des balances faussées, jusqu’au jugement dans l’évangile de Mathieu – « ce que vous avez fait au plus petit d’entre les miens » – .
Quel texte vous a plus particulièrement marquée ?
C’est sans doute Populorum progressio (1967), une encyclique du pape Paul VI, qui m’a tout d’abord marquée. Cette encyclique porte sur le développement des peuples. Cette époque correspondait au début de la mondialisation ; on prenait conscience des réalités du Tiers-Monde. La décolonisation était toute fraîche et inachevée. Comment faire en sorte que les peuples progressent ensemble ? La paix mondiale était en jeu. La question de la justice y est fortement mise en avant ; faire la charité ne suffit plus.
Aujourd’hui, face aux défis du monde actuel, je lis Laudato si et Fratelli tutti du pape François pour inspirer mes réflexions et déterminer mes choix.
Diriez-vous que la doctrine sociale de l’Église influence vos choix politiques ?
Il y a plusieurs façons de faire de la politique : s’engager concrètement dans la société via des associations, des mouvements, ou encore la vie de quartier ; voter ; prendre sa carte d’un parti, etc.
La doctrine sociale de l’Église ne donne pas de consigne, elle ne désigne pas d’homme providentiel, ne dit pas quelle est LA bonne solution à un moment donné.
Pour moi, c’est une grille de lecture face aux programmes et aux propositions politiques : l’Homme est une priorité. La politique doit être au service de l’homme et de la société, le pauvre est mon frère, il faut combattre l’injustice, être solidaire, rechercher la vérité et l’équité. Voilà mes orientations qui se nourrissent de ces textes.
Propos recueillis auprès de Mélanie par Anne Passot, Réseau Mondial de Prière du Pape France