Jonas, ou le retour à la vie
novembre 2024
Prions pour que tous les parents qui pleurent la mort d’un fils ou d’une fille trouvent un soutien au sein de la communauté et obtiennent de l’Esprit consolateur la paix du cœur.
ÉCLAIRAGE BIBLIQUE. La mort d’un enfant est une épreuve qui fait passer les parents par une descente aux enfers, dont ils ont, la plupart du temps, bien du mal à se relever, et c’est un long chemin pour se reconstruire. N’est-ce pas ce chemin de plongée dans la nuit et de retour à la vie qu’évoque, de manière symbolique, l’histoire de Jonas avalé par un poisson, dans le ventre duquel il reste trois jours et trois nuits ?
Jonas, qui refuse la mission que Dieu lui donne de se rendre à Ninive, va fuir sur un bateau ; lors d’une tempête, il est jeté à la mer par les matelots et avalé par une baleine.
Le livre de Jonas est un conte qui a une portée spirituelle très profonde : ce poisson est bien sûr une image, symbolisant l’angoisse qui le tétanise face à la perspective d’aller affronter les païens de Ninive. Pour les parents qui perdent un enfant, ce poisson peut être le chagrin qui les submerge.
Suivons le cheminement de Jonas, dans la prière qu’il adresse à Dieu : il y crie sa détresse (Jon 2, 1-11), avant de retrouver confiance en Dieu et en lui-même, et de pouvoir finalement assumer la mission confiée (Jon 3, 1-3).
Une descente aux enfers
Le Seigneur donna l’ordre à un grand poisson d’engloutir Jonas. Jonas demeura dans les entrailles du poisson trois jours et trois nuits. Depuis les entrailles du poisson, Jonas pria le Seigneur son Dieu. Il disait : Dans ma détresse, je crie vers le Seigneur, et lui me répond ; du ventre des enfers j’appelle : tu écoutes ma voix. Tu m’as jeté au plus profond du cœur des mers, et le flot m’a cerné ; tes ondes et tes vagues ensemble ont passé sur moi. Et je dis : me voici rejeté de devant tes yeux ; pourrai-je revoir encore ton temple saint ? Les eaux m’ont assailli jusqu’à l’âme, l’abîme m’a cerné ; les algues m’enveloppent la tête, à la racine des montagnes. Je descendis aux pays dont les verrous m’enfermaient pour toujours. [Jonas 2, 1-7a]
Les nombreuses images de ce passage biblique traduisent la détresse de Jonas que la peur et l’angoisse ont entraîné au plus profond des abîmes, assailli, cerné, enfermé…
Telle est bien, pour les parents qui ont perdu un enfant, cette impression d’enfermement qui leur donne le sentiment d’être rejetés de la terre des vivants et engloutis dans un chagrin qui les dépasse.
Un cri vers Dieu
Mais tu retires ma vie de la fosse, Seigneur mon Dieu. Quand mon âme en moi défaillait, je me souvins du Seigneur ; et ma prière parvint jusqu’à toi dans ton temple saint. Les servants de vaines idoles perdront leur faveur. Mais moi, au son de l’action de grâce, je t’offrirai des sacrifices ; j’accomplirai les vœux que j’ai faits : au Seigneur appartient le salut. [Jonas 2, 7b-10]
Dans la nuit qu’il traverse, Jonas se souvient de Dieu et crie vers lui. Par-delà sa solitude et les tribulations de sa vie, il continue à croire que son Dieu n’est pas une idole, mais un Dieu bon et Sauveur qu’il a le désir de servir.
Oui, le Dieu de Jésus Christ, en qui nous croyons, est le Dieu de la vie ; il ne nous abandonne pas au pouvoir de la mort. Il est présent auprès de ceux qui souffrent, et tout particulièrement auprès des parents qui pleurent la mort d’un enfant, et il les soutient dans l’épreuve qu’ils traversent.
Un retour à la vie
Alors le Seigneur parla au poisson, et celui-ci rejeta Jonas sur la terre ferme. La parole du Seigneur fut adressée de nouveau à Jonas : « Lève-toi, va à Ninive, la grande ville païenne, proclame le message que je te donne sur elle. » Jonas se leva et partit pour Ninive, selon la parole du Seigneur. [Jonas 2, 11 – 3, 3]
Voici que le monstre marin vomit Jonas sur la terre ferme : celui-ci est libéré, signe que la crise s’est éloignée et qu’il revient à la vie. La parole du Seigneur lui est adressée à nouveau dans les mêmes termes qu’au début du livre: Lève-toi, va à Ninive, la grande ville païenne… Mais cette fois, Jonas ne se dérobe pas à la mission, il part pour Ninive.
Ainsi ces parents douloureux peuvent-ils à un moment donné, comme Jonas, réinvestir la vie. Il restera toujours en eux un point de souffrance, mais peu à peu ils vont pouvoir refaire des projets, aimer à nouveau, accueillir la vie qui est donnée au jour le jour.
Notre Dieu est le Dieu de la vie : « Choisis donc la vie pour que vous viviez, toi et ta descendance. » [Dt 30, 19]
Marie Dominique Corthier, Réseau Mondial de Prière du Pape France