J’étais un étranger et vous m’avez accueilli (Mt 25,35)
juin 2024
Depuis le début de son pontificat et à la suite de ses prédécesseurs, le pape François ne cesse de rappeler la nécessité de prendre soin des personnes migrantes. Ses paroles se font parfois exigeantes pour combattre l’indifférence de l’Europe face à ce défi humanitaire. L’histoire du peuple de Dieu peut nous permettre de prendre du recul par rapport à des discours politiques qui surdramatisent le danger de l’immigration en générant la peur de l’autre. La bible elle-même est une histoire de migrations (Joseph fils de Jacob en Égypte, Moïse, Abraham…) où Dieu se fait proche de ceux qui doivent quitter leur pays et sont en recherche de paix. Nos histoires personnelles ou familiales sont bien souvent également le fruit de déplacements, de migrations forcées ou choisies dans lesquelles Dieu nous accompagne.
Une émission C Dans l’air présente l’action de bénévoles à Briançon qui s’engagent pour le respect de la loi pour l’accueil des migrants et viennent en aide à ceux qui ont dû fuir leur pays en raison de la guerre ou d’impasse sur leur avenir. Face au durcissement des règles sur l’immigration, leur engagement est une réponse pacifique et pacifiante.
Après avoir regardé et écouté ce reportage, je suis attentif aux sentiments ou réactions qui se font jour en moi. Je peux aussi repérer comment je me situe par rapport aux engagements et motivations des personnes, accueillants et accueillis.
Je prends du temps pour confier au Seigneur dans la prière les migrants contraints de quitter leur pays et je prie aussi pour ceux qui les soutiennent dans leur parcours.
Je peux également relire et laisser résonner en moi des paroles de ce reportage :
L’association »Tous migrants » organise de jour comme de nuit des maraudes pour ceux qui ont réussi à passer. Car ils sont nombreux à perdre leur chemin, trois personnes sont mortes dans ce massif cette année depuis le mois d’août. […] Les conditions ne faisant que s’aggraver, on aura de nouveaux drames. Nous ne voulons pas que notre montagne devienne un cimetière. Malheureusement, il y a eu déjà eu dix morts, des disparus et des blessés à vie.
Vous pensez qu’ils viennent pour un lit de camp et trois repas ? Non, je l’ai entendu, mais c’est un argument trop facile »l’appel d’air », quand ils viennent ici, j’ai bien dit : ils fuient la guerre, ils ne viennent pas pour chercher une protection sociale ou médicale.
Au refuge, ils ne pourront rester que trois jours, le temps de se reposer pour trouver des vêtements avant de poursuivre leur parcours, grâce à une solidarité locale qui semble rester intacte. Ça veut dire qu’il y a un cœur, une solidarité, une fraternité. Tout le monde est content que l’on fasse le job, à tous les niveaux, sinon tous ces gens seraient dans la rue avec tout ce que ça peut amener comme désordre sur la voie publique.
Le maire de Briançon : »si on veut accueillir ces personnes de façon la plus humaine, avec l’ambition demain de les intégrer, ce qui est l’histoire de la France, il faut le rappeler, il faut pouvoir contrôler les personnes qui rentrent de façon irrégulière. Sinon, on n’y arrivera pas. On voit les déclarations de partis politiques situées aux extrêmes qui sont, à mon avis, complètement délirantes et qui viendraient à ne créer que du désordre. Or j’ai envie de rester optimiste pour notre pays qui doit être capable de surmonter ces sujets-là ». Un pays également condamné en septembre dernier par la justice européenne qui a jugé illégal le renvoi, aujourd’hui systématique vers l’Italie des migrants arrêtés à la frontière.
Paul Dima, Réseau Mondial de Prière du Pape en France