Amoris Laetitia,
le Pape François et l’amour dans la famille
mars 2025
Prions pour que les familles divisées puissent trouver dans le pardon la guérison de leurs blessures, en redécouvrant la richesse de l’autre, même au cœur des différences.
EXHORTATION APOSTOLIQUE. Soyons honnête, il n’y a pas de famille sans tension. L’amour doit composer avec la réalité de la vie qui s’impose à chacun. Dans son exhortation apostolique Amoris Laetitia (2016), le Pape nous invite à considérer la vie conjugale et familiale comme une dynamique qui se déploie dans le temps. C’est sur le chemin de la vie quotidienne que nous attend le Seigneur.
Le pardon y tient une place primordiale, et le Pape propose quelques attitudes à cultiver pour prendre soin du lien amoureux ou familial, et si besoin le réparer.
Ne pas juger
On peut admettre avec simplicité que nous sommes tous un mélange complexe de lumières et d’ombres. L’autre n’est pas seulement ce qui me dérange. Il est beaucoup plus que cela. Pour la même raison, je n’exige pas que son amour soit parfait pour l’apprécier. Il m’aime comme il est et comme il peut, avec ses limites, mais que son amour soit imparfait ne signifie pas qu’il est faux ou qu’il n’est pas réel. [Amoris Laetitia n°113]
Reconnaître sa propre faiblesse, c’est déjà renoncer au mirage d’un amour parfait et commencer à regarder l’autre tel qu’il est, aussi limité que je le suis.
C’est une profonde expérience spirituelle de contempler chaque proche avec les yeux de Dieu et de reconnaître le Christ en lui… Là, nous nous souvenons que cette personne vivant avec nous mérite tout, puisqu’elle possède une dignité infinie parce qu’elle est objet de l’amour immense du Père. [AL 323]
S’entraîner à regarder ainsi fait non seulement grandir l’amour humain mais nous ouvre à une union plus grande avec le Christ.
En cette année du Jubilé de l’Espérance, demandons au Seigneur de nous donner des yeux nouveaux pour regarder ceux qui vivent avec nous, avec ce regard d’espérance avec lequel le Seigneur les voit.
Accompagner
Il convient d’accompagner les conjoints pour qu’ils puissent accepter les crises qui surviennent, les affronter et leur réserver une place dans la vie familiale. Les couples expérimentés et formés doivent être disponibles pour accompagner les autres dans cette découverte, de manière que les crises ne les effraient pas ni ne les conduisent à prendre des décisions précipitées. [AL 232]
Le Pape n’élude pas les difficultés qui fragilisent la vie des familles. Il évoque des crises communes à beaucoup de couples mais aussi des crises personnelles dues à l’histoire de chacun. Accompagner toutes les familles, c’est faire face à toutes les situations, se réjouir avec les amoureux, les futurs parents, mais c’est aussi et surtout faire face aux accidents de la vie, aux blessures, jusqu’aux fractures et aux séparations parfois inévitables.
Le Pape souhaite une Église qui offre un accompagnement miséricordieux, qui écoute sans juger, et qui soit présente pour les familles en cas de besoin, en offrant un soutien. Que pouvons-nous faire depuis notre place, au sein de notre famille ou pour une famille que nous connaissons ?
Accepter les différences
La conviction que chacun a quelque chose à apporter est ici sous-jacente, parce que chacun a une expérience différente de la vie, parce que chacun regarde d’un point de vue différent, a des aptitudes différentes ainsi que des intuitions différentes. [AL 138]
L’unité à laquelle il faut aspirer n’est pas uniformité, mais une ‘unité dans la diversité’ ou une ‘diversité réconciliée’. [AL 139]
Il est possible qu’à partir de ma pensée et de celle de l’autre, puisse surgir une nouvelle synthèse qui nous enrichit tous deux. [AL 139]
C’est par le dialogue que l’on prend conscience des différences et que l’on peut les accueillir. Le lien alors se modifie, s’ajuste et grandit.
Acceptons-nous les différences des autres comme une richesse pour la relation ? Que pouvons-nous changer ou renforcer à cet égard, au sein de notre famille ou de notre communauté ?
Valoriser l’autre
Il s’agit de valoriser sa personne, de reconnaître son droit d’exister, de penser de manière autonome et d’être heureux. Ne jamais minimiser ce qu’il dit ou réclame, même s’il est nécessaire d’exprimer son propre point de vue. [AL 138]
Il s’agit d’un culte à Dieu, parce que c’est lui qui a semé de nombreuses bonnes choses dans les autres en espérant que nous les fassions grandir [AL 322]
Ce ne sont pas seulement de bons conseils matrimoniaux que nous donne le pape François. Il nous montre comment le dynamisme des relations familiales est un chemin de sanctification. C’est l’extraordinaire qui se donne à voir dans l’ordinaire.
Reconnaissons-nous la richesse de ceux qui sont à nos côtés ? Choisissons un don de la personne avec laquelle nous avons le plus de difficulté à vivre, et remercions Dieu pour cela.
Pardonner
Le pardon est possible et souhaitable, mais personne ne dit qu’il est facile… [La communion familiale] exige en effet une ouverture généreuse et prompte de tous et de chacun à la compréhension, à la tolérance, au pardon, à la réconciliation. [AL 106]
Quand, dans une famille, on se rend compte que l’on a fait quelque chose de mal et que l’on sait demander ‘pardon’, il y a alors la paix et la joie dans cette famille. [AL 133]
Le pape n’ignore pas tout ce qui peut abîmer le lien familial. Il souligne deux attitudes qui peuvent aider à pardonner : travailler sur soi et sur sa propre histoire, et vivre le pardon de Dieu.
Nous savons aujourd’hui que pour pouvoir pardonner, il nous faut passer par l’expérience libératrice de nous comprendre et de nous pardonner à nous-mêmes…Il faut prier avec sa propre histoire, s’accepter soi-même, savoir cohabiter avec ses propres limites, y compris se pardonner, pour pouvoir avoir cette même attitude envers les autres. [AL 107]
Mais cela suppose l’expérience d’être pardonné par Dieu…Si nous acceptons que l’amour de Dieu est inconditionnel, que la tendresse du Père n’est ni à acheter ni à payer, alors nous pourrons aimer par-dessus tout, pardonner aux autres. [AL108]
Dans les jours difficiles pour la famille, il y a une union avec Jésus abandonné qui peut aider à éviter une rupture. Les familles atteignent peu à peu, avec la grâce de l’Esprit Saint, leur sainteté à travers la vie conjugale, en participant aussi au mystère de la croix du Christ, qui transforme les difficultés et les souffrances en offrande d’amour. [AL317]
Nous découvrons alors qu’il y a dans toute histoire familiale quelque chose du mystère pascal.
Essayons-nous de comprendre et d’excuser la faiblesse des autres dans notre famille ? Seul Jésus peut nous aider, demandons-Lui son Cœur compatissant en cette année jubilaire. Pour pouvoir pardonner, rappelons-nous toujours que Jésus nous a pardonné en premier.
Marianne Cébron, Réseau Mondial de Prière du Pape France