Jacob et Ésaü, les frères ennemis de la bible,
jusqu’à la réconciliation

mars 2025

Prions pour que les familles divisées puissent trouver dans le pardon la guérison de leurs blessures, en redécouvrant la richesse de l’autre, même au cœur des différences.

ÉCLAIRAGE BIBLIQUE. Les récits de vie des patriarches dans le livre de la Genèse n’ont pas pour but de nous présenter des personnages exemplaires ou des vies de famille admirables. C’est extrêmement précieux pour nous car comme le dit le Pape François, « nous pouvons constater que la parole de Dieu ne se révèle pas comme une séquence de thèses abstraites, mais comme une compagne de voyage, y compris pour les familles qui sont en crise ou sont confrontées à une souffrance ou à une autre et leur montre le but du chemin…» (Amoris laetitia n°22). Arrêtons-nous sur Jacob, un homme en qui se révèle toute la complexité de l’âme humaine.

 

Des jumeaux que tout oppose

Le premier qui sortit était roux, tout couvert de poils comme d’une fourrure. On lui donna le nom d’Ésaü. Après quoi sortit son frère, la main agrippée au talon d’Ésaü. On lui donna le nom de Jacob (c’est-à-dire : Il talonne). À leur naissance, Isaac avait soixante ans. Les garçons grandirent. Ésaü devint un chasseur habile, un homme des champs ; Jacob était un homme délicat demeurant sous les tentes. Isaac préférait Ésaü, car il appréciait le gibier, mais Rébecca préférait Jacob. (Gn 25, 25-28)

Loin d’être une richesse, leurs différences deviennent un enjeu parental. Combien d’adultes portent encore une blessure d’enfance liée à la comparaison, à l’impression de ne pas être aimé par un parent ?

 

Qui est le premier, qui est l’aîné ?

Un jour, Jacob préparait un plat, quand Ésaü revint des champs, épuisé. Ésaü dit à Jacob : « Laisse-moi donc avaler cette sauce, le roux qui est là, car je suis épuisé ! » […] Jacob lui dit : « Vends-moi maintenant ton droit d’aînesse ! ».  Ésaü répondit : « Je suis en train de mourir ! À quoi bon mon droit d’aînesse ? » Jacob reprit : « Jure-le moi, maintenant ! » Et Ésaü le jura, il vendit son droit d’aînesse à Jacob. Alors Jacob donna à Ésaü du pain et un plat de lentilles. Celui-ci mangea et but, puis il se leva et s’en alla. C’est ainsi qu’Ésaü montra du mépris pour le droit d’aînesse. (Gn 25, 29-34)

Dans une famille apaisée, les deux frères auraient partagé le dîner. Mais le texte nous laisse entrevoir le désir de chacun d’utiliser son frère à ses propres fins. La division est à l’œuvre.

 

Jusqu’à devenir des ennemis

Jacob entra chez son père et dit : « Mon père ! » Celui-ci répondit : « Me voici. Qui es-tu, mon fils ? » Jacob dit à son père : « Je suis Ésaü, ton premier-né ; j’ai fait ce que tu m’as dit. Viens donc t’asseoir, mange de mon gibier ; alors, tu pourras me bénir. » Isaac lui dit : « Comme tu as trouvé vite, mon fils ! » Jacob répondit : « C’est que le Seigneur, ton Dieu, a favorisé ma chasse. » Isaac lui dit : « Approche donc, mon fils, que je te palpe, pour savoir si tu es bien mon fils Ésaü ! » Jacob s’approcha de son père Isaac. Celui-ci le palpa et dit : « La voix est la voix de Jacob, mais les mains sont les mains d’Ésaü. »  Il ne reconnut pas Jacob car ses mains étaient velues comme celles de son frère Ésaü, et il le bénit. Il dit encore : « C’est bien toi mon fils Ésaü ? » Jacob répondit : « C’est bien moi. » (Gn 27, 18-24)

Poussé par sa mère, Jacob profite de l’infirmité de son vieux père Isaac. Il prend la place de son frère et ment à son père pour recevoir la bénédiction qui l’établit comme héritier de la promesse faite par Dieu à Abraham. Entre les deux frères, le lien fraternel est gravement abîmé et la violence jaillit.

Ésaü se mit à considérer Jacob comme son ennemi à cause de la bénédiction qu’il avait reçue de son père. Il se disait en lui-même : « Le moment du deuil de mon père approche. Alors je tuerai mon frère Jacob. » (Gn 27, 41)

 

Happy end

Vingt ans après, chacun est marié, a une grande descendance et de nombreux troupeaux. Malgré l’appréhension de Jacob, chacun fait un geste envers l’autre et la réconciliation peut avoir lieu.

Jacob leva les yeux. Il vit qu’Ésaü arrivait, et avec lui quatre cents hommes, […] et il se prosterna sept fois, face contre terre, avant d’aborder son frère. Ésaü courut à sa rencontre, l’étreignit, se jeta à son cou, l’embrassa, et tous deux pleurèrent. (Gn 33, 1-4)

Cependant, avec sagesse,  ils conviennent de se tenir à distance l’un de l’autre. Ils ne se tiendront à nouveau côte à côte que pour enterrer leur père Isaac.

 

Et Dieu dans tout cela ?

Il n’y a pas de jugement moral dans ces récits. Le Seigneur Dieu ne revient pas sur la bénédiction accordée par Isaac à Jacob fut-elle le résultat d’une ruse, d’un mensonge. Au contraire plusieurs fois, il se manifeste à Jacob pour l’assurer de sa présence à ses côtés. Le Seigneur connaît les faiblesses et les fragilités humaines ; et même au cœur de familles dysfonctionnelles, de vies fracturées, sa bénédiction et sa promesse continuent de se manifester. Sans compter qu’un pardon est toujours possible même vingt ans après. N’est-ce pas un merveilleux signe d’espérance pour aujourd’hui ?

 

Marianne Cébron, Réseau Mondial de Prière du Pape France

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