Un engagement joyeux,
porté par l’espérance d’une société meilleure

septembre 2024

Comme beaucoup, Gaëtan a été rejoint par la peur de l’avenir en voyant la planète se dégrader de plus en plus vite. De la prise de conscience des problèmes écologiques, il est passé à la colère puis à l’envie d’agir. Aujourd’hui, il nous partage ses engagements et son espérance.

 

Gaëtan, comment avez-vous pris conscience des crises climatique et sociale qui nous ont rejoints ?

J’ai grandi dans un monde qui se détériore, petit à petit. Chaque année, de nouveaux indicateurs expliquent que nous approchons des limites planétaires. Chaque été est un peu plus chaud. Chaque élection crée un climat social plus tendu, le fossé des inégalités se creuse. Mois après mois, la peur de l’avenir augmente chez les jeunes qui m’entourent.

Il y a un peu plus de trois ans, j’ai commencé à m’intéresser à la question écologique. J’ai assisté à des conférences, lu des livres et des études, écouté des podcasts. Au fil de ces apprentissages, la peur grandissait en moi. J’avais le sentiment que tout était fini, que nous allions droit dans le mur et que rien ne pouvait l’empêcher.

J’ai commencé à faire des premiers pas au niveau personnel : ne plus manger de viande, ni prendre l’avion ou acheter des vêtements neufs… Mais ce n’était pas assez.

 

Vous avez beaucoup réfléchi aux questions de justice…

En 2023, j’ai découvert le lien indissociable entre justice climatique et justice sociale, que la première ne pouvait advenir sans la seconde. C’est aussi à ce moment-là que je me suis mis en mouvement. Convaincu que la réforme des retraites n’était pas juste socialement, et donc écologiquement, je suis descendu pour la première fois dans la rue. La force du nombre m’a donné une énergie folle, je n’avais plus l’impression d’être seul ! Ensemble, nous pouvions faire bouger les choses !

L’adoption de cette réforme malgré l’ampleur de la contestation m’a fait ressentir un profond sentiment d’injustice. C’est là qu’est venue la colère. Une colère très forte. Dirigée vers les « grands de ce monde » qui oppriment sciemment les plus modestes, au détriment de toute notion de justice sociale et d’attention au prochain.

Cette colère, j’ai eu besoin de l’exprimer, par des actes. Je n’en pouvais plus de parler, échanger, écouter. J’avais besoin d’agir, de dire par mon corps que je n’étais pas d’accord, que je refusais la voie proposée et que j’étais prêt à me mettre en travers. Je suis entré en désobéissance civile. En désobéissant, j’ai exprimé ce que je considère injuste, ce à quoi je veux m’opposer. Mais désobéir ne m’a pas permis de montrer ce que je considère juste. J’étais contre, je n’étais pas pour.

 

Que faire alors ?

J’étais porté par la peur et la colère. Pourtant, le monde que je souhaite offrir aux générations futures est empli de beauté et de partage. Il est joyeux, lumineux et apaisé. Ce monde, j’ai l’espoir qu’il puisse commencer dès aujourd’hui, en réinventant les imaginaires et en remettant des valeurs fraternelles et des émotions positives au cœur de ceux-ci.

Aujourd’hui, je suis porté par l’espérance d’une société meilleure. J’ai envie de la partager autour de moi. Je suis convaincu que ce sont les émotions qui nous font avancer, et que celles qui nous font du bien nous mènent dans la bonne direction.

J’ai aussi redécouvert récemment une part de spiritualité dont je m’étais éloigné. En rencontrant des jeunes chrétiens, je m’intéresse à nouveau à l’appel de justice que nous envoie le Christ. J’ai compris que l’écologie, si elle n’était pas d’abord tournée vers les besoins des plus faibles, ne serait jamais ajustée, et je m’efforce de mettre ces personnes au cœur de mes réflexions. Ce renouveau spirituel est très récent et vient me bousculer. Il m’apporte de nouvelles clés pour avancer dans la meilleure direction possible. J’ai hâte de voir où celui-ci va me mener.

J’ai choisi de vivre un engagement joyeux et créatif, collectif et déterminé. Depuis peu, je suis membre du collectif artiviste Le Bruit qui Court(1), ainsi que de Lutte & Contemplation(2), un collectif de chrétiens et chrétiennes engagés. Je m’y sens bien et j’ai la conviction qu’ensemble, nous incarnons l’espoir d’un futur digne pour l’ensemble du Vivant.

Gaëtan, pour le Réseau Mondial de Prière du Pape France

 

Le Bruit qui Court : Communauté « d’artivistes » – activistes et artistes engagé.e.s – ayant la conviction qu’il n’est pas de changement profond qui ne se fasse sans imaginaires nouveaux et sans gagner la « bataille culturelle ».

Lutte & Contemplation : Collectif souhaitant porter une voix chrétienne dans les luttes écologiques et sociales de notre époque. Il est d’une part un espace de prière et de fraternité pour les chrétiens préoccupés par les enjeux écologiques, et d’autre part un espace de mobilisation. Il mène des actions de plaidoyer auprès des responsables économiques, politiques et ecclésiaux ainsi que des actions militantes de terrain joyeuses et créatives.

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